Le Club de l’OURS a reçuPascal CHAZALPrésident Groupe Hors Sitesur le thème« La construction durable passe par l’industrialisation : La construction Hors-site » |
La construction Hors-site c’est la version moderne de ce l’on appelle la préfabrication.
L’idée est que l’on est plus efficace lorsque l’on va fabriquer un produit dans un atelier plutôt que sur un chantier. On cherche à déplacer des heures de travail des ouvriers du chantier vers un atelier, voire même vers une usine.
Ces éléments pourront mixer un certain nombre de matériaux. On peut par exemple fabriquer une salle de bains complète, soit six ou sept corps d’état différents.
La salle de bains que l’on sait fabriquer en usine est ensuite transportée sur le chantier où elle sera installée extrêmement rapidement.
On peut faire de même avec les façades ou les escaliers.
On peut faire la même chose avec la construction modulaire en 3D. Par exemple une chambre d’EPAD, une chambre d’hôtel ou une chambre d’étudiant. Ce sont des éléments qui peuvent être fabriqués à 100% dans une usine.
Cela amène énormément d’avantages car on est beaucoup plus efficace du fait de la production en usine contrairement à celle que l’on peut obtenir sur un chantier.
» Quels sont les avantages de la construction hors-site ? «
Les avantages sont extrêmement nombreux.
La première chose que l’on constate dans la plupart des pays qui développent la construction hors-site est qu’ils le font pour deux raisons :
La raison N°1 est d’accélérer la décarbonation.
Lorsque l’on déplace des taches en usine on optimise les ressources, on optimise les heures des ouvriers, on optimise les matériaux, on est beaucoup plus efficace.
On peut gérer les matériaux en ayant moins de déchets et ces déchets on va pouvoir les retraiter beaucoup plus efficacement que sur un chantier.
Par exemple, en France, on jette chaque année à la poubelle 200 000 t. (Deux Cent Mille tonnes) de matériaux neufs que l’on devra bien sur aller puiser dans la planète pour en fabriquer de nouveaux.
Donc le premier point, c’est le côté environnemental.
Des études ont montré que si l’on utilise bien la construction hors-site, notamment avec la construction bois, on est capable de réduire l’impact carbone du à la construction des bâtiments de l’ordre de 40%, ce qui est considérable.
La raison N°2 est le manque de main d’œuvre qualifiée dans le bâtiment.
De nos jours les anciens partent à la retraite et ils ne sont pas véritablement remplacés par les jeunes qui sont peu attirés par le monde du bâtiment.
C’est un monde difficile car sur le chantier il faut s’y rendre, pour y aller on va déjà passer beaucoup de temps dans une camionnette, puis il y a les intempéries, cela fait beaucoup d’heures avant et après le temps de travail effectif.
Les jeunes pensent que c’est un monde mal organisé et que sur les chantiers « cela ne marche jamais ». Ils n’ont pas envie de perdre du temps, ils ont envie d’avoir une vie en dehors du travail et un travail dans lequel ils se plaisent et leur laisse du temps.
Donc aujourd’hui ce manque de main d’œuvre pose beaucoup de difficultés.
Cela se traduit par des couts de construction qui sont en train d’exploser.
Cela se traduit par des promoteurs qui ne font plus de ventes ou qui arrêtent les chantiers parce que le cout de la construction devient trop important.
En fait, la construction hors-site s’intéresse à l’amélioration de la productivité dans les activités du bâtiment, ce qui est un avantage qui s’ajoute à l’aspect environnemental.
» Quels sont les défis auxquels vous faites face ? «
Le plus grand défi est celui de la culture ancrée chez nous depuis des générations. La culture du bâtiment c’est le chantier. Tout est organisé pour construire sur le chantier, avec des organisations très segmentées :
Le maitre d’ouvrage, le maitre d’œuvre, les bureaux d’études, l’entreprise, etc.
Il faut y ajouter la culture de faire des prototypes chaque fois que l’on construit un bâtiment.
En fait, si on veut réussir l’industrialisation de la construction il faut comprendre qu’une usine est efficace essentiellement lorsqu’elle construit des éléments répétitifs.
Il faut apprendre à réaliser des bâtiments qui vont etre, certes spécifiques et parfaitement adaptés aux besoins, mais utilisant un certain nombre de composants répétitifs qui seront fabriqués en usine.
C’est ce chalenge culturel qui est le plus difficile parce que les gens de l’immobilier et de la construction ne comprennent pas ce que veut dire la standardisation.
Cela donne l’impression que si on standardise on va avoir tous le même bâtiment ou tous le même logement alors que ce n’est pas du tout le cas.
C’est en utilisant les composants de façon standardisée que l’on peut construire des bâtiments qui ne sont pas standards mais parfaitement spécifiques et adaptés aux besoins de l’environnement.
» Que voulez vous dire aux membres du club de l’OURS ? «
J’ai beaucoup aimé cette matinée, notamment les échanges avec la salle.
Les questions étaient nombreuses, elles n’ont d’ailleurs pas pu toutes être posées faute de temps. On a senti beaucoup d’intérêt beaucoup de questionnements.
Ce que je pourrais proposer aux membres du club de l’OURS c’est d’aller voir d’un peu plus près.
Nous organisons des voyages d’études. Nous revenons juste de Suède avec un groupe de 40 français. A l’automne nous avons projeté d’aller aux Pays Bas pour découvrir des pays dans lesquels le hors-site est plus en avance que chez nous.
En prenant l’exemple de la Suède où nous étions il y a 3 semaines, les 40 français qui étaient du voyage étaient tous unanimes :
1) Il faut que l’on développe le hors-site en France.
2) Il faut que l’on change nos habitudes et notre culture dans l’acte de construire.
3) Cela vaut vraiment la peine car ce que l’on a vu est incroyable en termes de qualité de vie à l’intérieur et en termes de conditions de travail pour les ouvriers.
L’exemple mis en avant est celui de l’usine dans laquelle la parité hommes-femmes était parfaite alors que chez nous on sait les difficultés à recruter le personnel féminin dans le bâtiment.
Donc ce que je propose aux membres du club de l’OURS c’est de venir toucher du doigt des opérations hors-site dans les pays qui ont pris le virage. Cela peut se faire également en France, mais il y a une différence entre voir des photos et en entendre parler et toucher pour se rendre compte que c’est vraiment autre chose.