Le Club de l’OURS a reçu Stéphane Guggino
Délégué Général du Comité pour la Transalpine
Lyon-Turin
sur le thème :
La liaison ferroviaire Lyon-Turin : un nouvel élan pour ce grand chantier stratégique au service des intérêts écologiques et économiques de nos territoires.
Voir interview TLM :
Un élan confirmé pour le Lyon-Turin
Dans le courant de l’été, l’annonce par le gouvernement d’une « pause » dans la réalisation des projets de grandes infrastructures de transports a suscité beaucoup de débats. En ce qui concerne la liaison ferroviaire Lyon-Turin, les doutes ont été clairement levés à l’occasion du 34ème sommet franco-italien qui s’est tenu à Lyon le 27 septembre dernier. Lors de leur déclaration finale, le Président de la République française et le Président du Conseil italien ont réaffirmé l’engagement mutuel des deux Etats pour réaliser cette liaison, à commencer par le tunnel transfrontalier de 57,5 km sous les Alpes qui en est la pierre angulaire.
Il est vrai que le Lyon-Turin, qui depuis le traité franco-italien de 2001 entérinant le projet, a fait l’objet d’une longue série d’accords internationaux et de validations quasi-unanimes à tous les étages politiques du processus décisionnel, a dépassé depuis longtemps le stade de simple projet. C’est encore trop souvent méconnu mais le chantier des travaux préparatoires à la construction du plus long tunnel ferroviaire au monde bat son plein des deux côtés des Alpes. Plus de 20 km de galeries ont déjà été creusés au cours des dernières années et, en Savoie, près de 400 employés s’activent quotidiennement. Au total, environ 8 000 emplois directs et indirects devraient être créés pendant ce chantier dont les gigantesques retombées en termes d’activités pour le tissu économique tombent sous le sens.
Une infrastructure d’avenir
La livraison de l’ouvrage est programmée pour 2030. Un horizon encore jalonné de multiples prises de décisions politiques et techniques inhérentes à un chantier d’une telle envergure, auquel il convient d’arrimer le volet des voies d’accès nouvelles de Lyon jusqu’à l’entrée du tunnel à Saint-Jean-de-Maurienne. Il n’en demeure pas moins que l’élan confirmé par le sommet franco-italien conforte la dynamique engagée… au grand dam des quelques lobbies rassemblant les opposants à cette infrastructure ; opposants dont l’expression est parfaitement légitime mais dont on peut souvent regretter chez certains les postures excessivement idéologiques voire caricaturales.
Beaucoup de confusions sont en effet entretenues au sujet du Lyon-Turin. Considérer cette liaison comme un simple trait d’union entre deux capitales régionales est par exemple une erreur fondamentale. Apprécier la véritable utilité de cette infrastructure d’avenir, et par là même de l’investissement nécessaire, exige de prendre de la hauteur et d’envisager les bonnes échelles géographiques et de temps. Maillon manquant du Corridor ferroviaire méditerranéen reliant la péninsule ibérique à l’Europe centrale, le Lyon-Turin est une infrastructure stratégique prioritaire pour l’Union Européenne (qui la finance d’ailleurs massivement), au service des intérêts écologiques et économiques de la France et de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Des enjeux écologiques et économiques
Intérêts écologiques car le Lyon-Turin est, en raison de l’obsolescence des infrastructures actuelles, la seule alternative moderne, fiable et crédible pour opérer un report modal massif (à développer dès maintenant !) du transport de marchandises de la route vers le rail.
Un puissant levier de transition énergétique qui contribuera à lutter efficacement contre la pollution, en particulier dans les vallées alpines durement éprouvées. Sur les 2,8 millions de poids lourds qui traversent chaque année la frontière franco-italienne par les Alpes du Nord et par Vintimille, l’objectif est de faire basculer jusqu’à 1 million de camions sur le rail.
Ce défi écologique se conjugue avec de formidables enjeux économiques liés au développement de la compétitivité de nos entreprises et de nos capacités d’exportation. Le Lyon-Turin sera le seul axe européen capable de capter à la fois des flux de marchandises Nord-Sud et Est-Ouest. Une opportunité majeure pour repositionner la France et notre région au carrefour d’une économie de flux générateurs d’activités et d’emplois. La France ne peut rester plus longtemps à l’écart de ces flux stratégiques qui ont progressivement glissé vers l’Est du Rhin. Nos voisins suisses et autrichiens l’ont bien compris qui construisent des tunnels de nouvelles générations, à l’image du tunnel italo-suisse du Gothard inauguré fin 2016 et qui est le frère jumeau du Lyon-Turin.
Enfin, même si le Lyon-Turin n’est pas une LGV au sens où 80% de sa vocation est dédiée au fret, il importe de souligner qu’il apportera aussi des gains de temps significatifs aux voyageurs dans leurs déplacements régionaux, nationaux et internationaux. Un atout de poids pour l’attractivité touristique et l’amélioration de la mobilité au quotidien.
Stéphane GUGGINO
Délégué général du Comité pour la Transalpine Lyon-Turin
www.transalpine.com